Burkina 2009

Le projet 2009 est né d'un partenariat établi entre Génaf et l'AEDB, l'Amicale des Etudiants du Département de Bérégadougou, rencontrée en 2005 lors d'un premier projet au Burkina.

Les membres de cette association, natifs de Bérégadougou ayant eu la possibilité de poursuivre leurs études à Ouagadougou, nous ont contactés pour nous faire part d'un besoin exprimé par la population locale. La commune présentait en effet un manque d'infrastructures culturelles et éducatives, et l'absence d'accès au Livre constituait un frein important à l'apprentissage de la lecture. L'AEDB nous avait en outre laissé un excellent souvenir, de par leur compétence et leur sérieux : Génaf, convaincu que l'éducation est un levier majeur de développement, a donc ainsi décidé d'organiser une mission de développement sur cette commune.

La population du Burkina Faso est majoritairement rurale et très jeune. Le manque d'accès aux soins expliquent la faible espérance de vie des Burkinabés. En matière d'éducation, le Burkina Faso est le pays d'Afrique subsaharienne qui présente les taux de scolarisation et d'alphabétisation les plus faibles (respectivement 58% et 24% pour le Burkina Faso contre 92% et 59% pour l'Afrique subsaharienne). La situation de Bérégadougou n'est pas différente de celle du reste du pays et illustre ces difficultés : il s'agit d'une commune rurale située dans la province de Comoé, au sud-ouest du Burkina Faso. Eloignée de 450 km de la capitale, elle est accessible en une journée de car. Elle compte 10 000 habitants et regroupe six villages. La commune compte six écoles couvrant les classes du CP1 au CM2, ainsi qu'une maternelle et un collège-lycée, pour un total de 2677 élèves à la rentrée 2008. Cependant, en raison de conditions de vie particulièrement difficiles, l'école constitue pour les parents un sacrifice important, dans la mesure où ils se privent d'une aide aux champs et à la maison.

Notre projet était donc de pallier le manque d'infrastructures dans la zone rurale de Bérégadougou en construisant une bibliothèque pour les 2 700 enfants de la région et de mettre en place pendant trois mois un programme éducatif adapté à chaque enfant, à la fois ludique, instructif et interactif.

Génaf avait pour ambition de construire un bâtiment qui représente pour les Bérégalais à la fois un lieu de savoir et d'apprentissage de la lecture, une ouverture sur le monde et un lieu de vie communautaire. Ce résultat a été obtenu grâce à l'engagement des bénévoles de Génaf qui se sont relayés de fin juin à fin octobre sur le chantier.

Tous les matins nous nous rendions sur le chantier pour aider les ouvriers embauchés par l'association (un ingénieur de travaux et trois maçons burkinabé) et les bénévoles Bérégalais qui ont très vite pris conscience de l'importance du projet. Sous les ordres de l'entrepreneur local, les bénévoles français et burkinabé ont participé à toutes les étapes de la construction : nous avons acheminé les matériaux jusqu'au chantier, creusé et posé les fondations, fabriqué les briques, le crépis, le ciment, élevé les murs etc. La confection et l'installation du mobilier de la bibliothèque a été confiées à un menuisier local et aux bénévoles burkinabè.





Les équipes ont travaillé à un rythme soutenu, ce qui a permis de respecter les délais prévus pour l'évolution du chantier. Ainsi les membres de Génaf présents au mois de septembre ont pu se consacrer entièrement à la préparation des quelques 2500 livres qui avaient été affrétés depuis la France ou achetés sur place dans des librairies de Ouagadougou. Il a fallu les trier et les classer, les couvrir, constituer les fiches de prêt et le registre, et bien sûr installer les collections avant l'inauguration. Les bénévoles y ont travaillé avec le bibliothécaire, détaché du Ministère de l'Education, et recruté pour assurer la gestion quotidienne de la bibliothèque. Ce derneir a reçu une formation financée par Génaf et délivrée par le Centre Nationale de Lecture et d'Animation Culturelle (réseau regroupant les bibliothèques du Burkina et financé par l'OIF).

Les élèves burkinabè ont de juillet à septembre deux mois et demi de vacances, mis à profit par les membres de Génaf qui leur ont proposé un suivi et un soutien dont ils ne peuvent pas bénéficier pendant l'année. Un après-midi sur deux était ainsi consacré à des cours de soutien proposés aux enfants sur le principe du volontariat. Des groupes d'une vingtaine d'élèves ont été formés suivant le niveau des enfants, du CP au CM2, et chaque groupe était sous la responsabilité de deux bénévoles de Génaf. Ainsi le plus grand nombre d'enfants (150 au total) ont pu participer au soutien dans les meilleures conditions d'encadrement possibles.

L'accent a surtout été mis sur les matières fondamentales que sont les mathématiques et le Français, qui constituent le socle des programmes scolaires, et où beaucoup d'enfants présentent des lacunes, notamment parce qu'ils n'ont pas l'occasion de parler Français avec leur famille. Enfin, parce que le matériel scolaire coûte cher et qu'il n'est pas à la portée de toutes les familles, nous avons fourni aux enfants les stylos, feuilles et cahiers qui leur sont nécessaires pour étudier, durant nos cours et pendant l'année scolaire. Ce matériel provient des collectes organisées par Génaf en France dans les papèteries et supermarchés auprès de la clientèle et a été acheminé par nos soins.

Nous avons vraiment vécu au rythme du village, ce qui a permis de multiplier les échanges en plus du chantier de la bibliothèque et des cours de soutien scolaire. Un après-midi sur deux était consacré à des animations culturelles préparées par les membres de Génaf. L'objectif était de répondre de façon ludique à la curiosité des enfants et des jeunes portant sur la France, l'Europe, et le monde en général. Les animations abordaient toujours des sujets susceptibles d'intéresser les plus jeunes, que ce soit au travers de jeux sur la géographie, d'activités sportives, de petites scènes de théâtre, ou encore d'activités artistiques (peinture, dessin…) qui étaient toujours l'occasion d'échanger sur nos cultures, nos coutumes et nos centres d'intérêts.

L'été a également été ponctué de spectacles organisés avec des Bérégalais. La majorité des habitants ont pu assister à une projection sur grand écran du film de Walt Dysney Le Roi Lion, qui a remporté un très vif succès auprès des enfants comme auprès des adultes (peu d'entre eux ont la télévision, et encore moins le cinéma !). Certains membres de Génaf ont également participé à un concours de danse organisé par une association du village pour occuper les jeunes pendant l'été. Une petite pièce de théâtre a également été montée avec l'association de théâtre de Bérégadougou et représentée le jour de l'inauguration pour expliquer de façon amusante le rôle de la bibliothèque dans le village.

17 262 euros ont été investis dans ce projet, financés à 28% par des subventions et des bourses publiques, à 23% par des entreprises, à 21% par des dons de particuliers, à 7% par les membres Génaf, à 17% par l'événementiel Génaf, à 4% par la réserve Génaf.

La bibliothèque a pu être inaugurée le 19 septembre en présence du Maire de Bérégadougou, des autorités de la région, de l'AEDB et de Génaf, de ouvriers et bien sûr des habitants du village qui, petit à petit, en voyant l'évolution du chantier et l'ardeur des bénévoles français et burkinabé, ont pris conscience de l'importance du projet. Les enfants en particulier étaient à la fois impressionnés et heureux de voir autant de livres à leur disposition lors de la visite des lieux.

La bibliothèque est désormais administrée et gérée par la Mairie de Bérégadougou et par notre partenaire local, l'AEDB, qui participera à un comité de gestion, en contact régulier avec Génaf.





La mairie prend en charge les frais de fonctionnement de la bibliothèque tandis que le salaire du bibliothécaire est financé par l'Etat Burkinabé. A terme, la bibliothèque intègrera le réseau de bibliothèques du Burkina Faso, structuré par le CENALAC (CEntre NAtional de Lecture et d'Animation Culturelle), ce qui lui permettra de bénéficier d'une aide matérielle et financière de fonctionnement.

Nous sommes régulièrement informés de l'évolution du fonctionnement de la bibliothèque par nos partenaires de l'AEDB : la salle de lecture de désemplit pas le nombre d'inscriptions grandit chaque jour…